L’objectif de cette étude était de décrire le comportement d’humains et de chats lors de leur première rencontre dans une salle expérimentale aménagée comme un salon. Les paramètres suivants ont été mesurés : tempérament et sexe du chat, type d’activité de la personne, âge (adulte/ enfant (6 à 10 ans)) et sexe (homme/femme). Les rencontres ont eu lieu lors de deux tests :
- Test A : le comportement du chat était enregistré pendant 5 minutes : phase 1, la personne ne pouvait pas interagir avec le chat et lisait un livre ; phase 2, la personne était libre d’interagir avec le chat.
- Test B : le comportement de la personne était enregistré pendant 5 minutes, elle était libre d’interagir avec le chat. Les chercheurs ont considéré que les comportements des humains étaient identiques entre le test A2 et le test B.
Les auteurs ont mis en évidence que le premier contact avec le chat était plus rapide quand la personne était libre d’interagir plutôt que lorsqu’elle lisait un livre. Elle motivait le chat à venir à elle.
Les autres résultats sont les suivants :
- Test A, phase 1 : sans différences significatives d’âge ou de sexe, les chats mettaient en moyenne 80 secondes pour approcher la personne à moins de 2 m, environ 2min 30 à effectuer un comportement amical (approche, flairage, frottement) et près de 5 minutes pour un vrai contact corporel, sachant que la personne n’interagissait pas du tout avec l’animal. Les latences d’approches étaient très variables d’un chat à un autre selon leur tempérament.
- Test A, phase 2 : les chats avaient tendance à approcher plus fréquemment les adultes que les enfants, les femmes plus que les hommes et les petites filles plus que les petits garçons. Sachant que lors de cette phase, la personne interagissait librement avec le chat.
- Test B : les personnes mettaient en moyenne 14 secondes à établir un premier comportement amical envers le chat, 64 secondes pour une première parole, 74 secondes à établir un premier contact corporel. La première approche spontanée des humains arrivait en moyenne au bout de 2 minutes, après que le contact corporel soit déjà établi (c’est-à-dire que le chat s’était déjà approché de lui-même). Les adultes parlaient plus rapidement que les enfants et approchaient plus tardivement les chats. Les adultes utilisaient toujours la même méthode pour approcher un chat inconnu alors que les enfants variaient de méthodes. La stratégie de parler au chat avant de l’approcher parait être la plus efficace pour le faire venir.
Des différences dans le comportement des humains selon leur âge ont été notées : les enfants avaient tendance à plus approcher un chat qui se reposait que les adultes ou à le suivre lorsque le chat les évitait, avec une distinction notable, les garçons suivaient plus souvent les chats que les filles. Les enfants étaient plus actifs pour réduire la distance entre eux et le chat que les adultes.
Les enfants se tenaient plus debout que les adultes qui s’asseyaient plus, les hommes avaient tendance à plus s’assoir que les femmes qui s’accroupissaient plus. Les femmes adultes parlaient plus au chat que les hommes ou les enfants, en faisant des phrases complètes. Les différences d’attitudes entre les hommes et les femmes et les réactions des chats sont certainement dues à leurs différences physiques mais aussi aux apprentissages qu’ils ont pu faire dans le passé. Ce paramètre n’a pas été mesuré.
Ces résultats sont importants car les tous premiers moments d’une rencontre entre individus étrangers risquent d’influencer l’issue de l’interaction et la relation qui en découle.
L’initiation d’un contact entre deux individus est un processus mutuel qui peut être retardé si l’un des deux partenaires ne parait pas intéressé. Lors de cette étude, les humains sont les initiateurs de contact avec le chat, ils vont parler et/ou approcher le chat, qui va approcher ou éviter l’humain selon son tempérament et son expérience passée.
Les stratégies utilisées par les enfants et par les adultes pour approcher les chats varient mais au vu des réactions des chats, elles sont similaires puisqu’elles aboutissent à autant de jeu et de caresses avec le chat.
==> Résumé de l’article de C. Mertens & D.C. Turner, 1988, Experimental analysis of human-cat interactions during first encounters, Anthrozoös vol. 2, p. 83-97.
Ma conclusion:
Ces résultats ne sont pas généralisables, il s’agit d’une étude avec un échantillon de 19 chats dans un contexte précis. Mais ils donnent une idée des réactions comportementales que peuvent avoir les humains et les chats lorsqu’ils interagissent.
Il n’en reste pas moins qu’il est important d’éduquer les enfants à approcher et à interagir avec les chats, notamment les plus jeunes qui peuvent avoir des gestes, des mouvements ou des paroles effrayantes pour un chat qui n’est pas bien familiarisé aux petits enfants.