Depuis longtemps, les scientifiques s’intéressent à la façon dont les animaux communiquent grâce à leurs expressions faciales. Ils s’intéressent aussi à mettre en évidence les différences entre les espèces. L’intérêt croissant pour ce sujet nous aide à mieux comprendre les intentions et les émotions des animaux. La plupart des études se concentrent sur les mimiques (ou expressions) faciales exprimées en cas de douleur. Pour mesurer cela, une « échelle de grimace » a été conçue pour montrer les mimiques de l’animal en fonction de l’intensité de la douleur. Des études ont été effectuées sur de nombreuses espèces, mais aussi déjà sur le chat en 2014 par Holden et al.
Une des difficultés pour interpréter les résultats, est que nous avons tendance à extrapoler ce que nous connaissons des analyses faites chez les humains. Or les animaux ont des muscles faciaux différents des nôtres et les utilisent différemment. On observe aussi des différences entre les races au sein d’une espèce. Par exemple : Persan et Siamois n’ayant pas la même forme de tête, leurs mimiques faciales varient légèrement. Très récemment, l’équipe de Lauren Finka a développé une approche spécifique au chat en utilisant la morphométrie géométrique avec pour objectif d’automatiser la détection des expressions faciales chez cette espèce.
En utilisant une technique généralement réservée pour mesurer les os, les chercheurs ont étudié près d’un millier de photos de faces de chats. Ils ont noté la position relative des muscles de la face quand les chats étaient tendus et détendus. Puis ils ont observé les expressions faciales des chats associées à la douleur avant / après une chirurgie de routine.
Voici les principales caractéristiques liées à la douleur observées :
– Les oreilles s’abaissent et s’éloignent l’une de l’autre ;
– Les zones de la bouche et des joues paraissent plus petites et rapprochées du nez ;
– Les yeux sont légèrement rétrécis et un peu plus « bridés » ;
– Des petites différences apparaissent dans la forme des oreilles externes avec la droite plus étroite et abaissée vers le coté de la face ;
– Le nez baissé vers la bouche, légèrement incliné du coté gauche de la face.
La plupart de ces changements sont assez subtils. Il parait donc difficile de bien mesurer l’intensité de la douleur chez un chat, surtout quand on ne connait pas ses expressions habituelles. Par exemple, pour le vétérinaire, si c’est la première fois qu’il voit l’animal. Chaque individu peut avoir des expressions légèrement différentes. Le propriétaire, connaissant bien son chat, peut aider à détecter les changements subtils.
L’objectif de l’équipe de chercheurs est d’automatiser la détection des expressions faciales de la douleur, notamment pour la pratique clinique par les vétérinaires. Cela permettra une meilleure prise en charge de la douleur chez le chat.
==> Résumé de l’article en anglais : « Is your cat in pain? Its facial expression could hold a clue »
Étude à l’origine de cet article: Finka L. R., Luna S. P., Brondani J. T. et al., 2019, Geometric morphometrics for the study of facial expressions in non-human animals, using the domestic cat as an exemplar, Sci Rep, 9, 9883.
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